Qu’est-ce que l’ADS? et pourquoi les groupes de femmes la réclament?
Par Charlotte Thibault, collaboration spéciale
L’analyse différenciée selon les sexes (ADS) est un outil reconnu mondialement et dont la mise en application a été l’engagement principal des gouvernements canadien et québécois suite à la 4econférence mondiale sur les femmes à Beijing, en 1995. Selon le ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine :
L’ADS est un processus d’analyse favorisant l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes par l’entremise des orientations et des actions des instances décisionnelles de la société sur le plan local, régional et national.
Elle a pour objet de discerner de façon préventive les effets distincts sur les femmes et les hommes que pourra avoir l’adoption d’un projet à l’intention des citoyennes et des citoyens, et ce, sur la base des réalités et des besoins différenciés des femmes et des hommes. Elle s’effectue au cours de l’élaboration, de la mise en œuvre, de l’évaluation et du suivi d’un projet. Dans certaines situations, l’ADS mènera à l’offre de mesures différentes aux femmes et aux hommes en vue de réduire les inégalités. Sa finalité est d’atteindre une égalité de fait, c’est-à-dire une égalité qui s’exprime concrètement.
L’égalité est conçue comme une notion qui propose que les femmes et les hommes aient des conditions égales pour exercer pleinement leurs droits, pour exploiter leur potentiel ainsi que pour contribuer à l’évolution politique, économique, sociale et culturelle tout en profitant également de ces changements1.
Pour illustrer le processus, prenons l’exemple d’une municipalité qui veut réaménager un parc dans un quartier résidentiel afin que les enfants l’utilisent davantage. On procède alors à une analyse de la population du quartier et des espaces privés et publics fréquentés par les enfants. Si on utilise l’ADS, on recueillera des donnés quantitatives et qualitatives sexuées pour savoir qui utilisent présentement le parc et découvrir si une problématique particulière à l’un ou l’autre sexe existe. Qui vit dans ce quartier, des locataires? Des propriétaires de résidences unifamiliales? Les enfants ont-ils plus tendance à jouer dans les cours privées que dans le parc? Si les filles sont moins nombreuses à utiliser le parc, les jeux correspondent-ils à leurs intérêts? Quels jeux seraient davantage à privilégier pour attirer les filles? Est-ce que les lieux semblent sécuritaires? Que pensent les parents de cet endroit? Leur semble-t-il sécuritaire? Doit-on tenir compte d’autres facteurs (culturels, religieux, etc.)?
Après avoir rencontré les enfants et les parents puis complété l’analyse, un besoin de sécurité amènera peut-être une taille des buissons ou un meilleur éclairage. Aussi, une animation pourrait apparaître nécessaire pour permettre une participation équilibrée des enfants au parc (ex. horaire d’utilisation des terrains de jeux pour les sports d’équipe). Enfin, une évaluation régulière permettra d’ajuster le projet et de s’assurer que les enfants, tant filles que garçons, utilisent le parc, le tout à la satisfaction des citoyennes et des citoyens ainsi que de la municipalité.
En conclusion, une ADS peut se faire pour évaluer et exécuter toute décision qui touche la population. Elle permet une meilleure allocation des fonds et des politiques plus efficaces. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter qu’elle soit utilisée de façon systématique.
Voici d’autres exemples où l’on a tenu compte des réalités différenciées des femmes et des hommes :
Une affaire de cœur
Depuis longtemps, la majorité des recherches sur les maladies cardiovasculaires en matière de prévention, de diagnostic et de traitement étaient réalisées auprès des hommes. Une vision renouvelée des deux sexes a révélé que les symptômes se manifestaient de façons différentes pour les hommes et les femmes. Il a donc été possible d’adapter l’information et la prévention des maladies cardiovasculaires aux besoins des femmes.
Une amélioration de taille
Une étude portant sur le port du ceinturon à la taille a été menée auprès des policières et des policiers. Une ADS a fait ressortir que les policières étaient davantage touchées par des lésions professionnelles que les hommes parce que le ceinturon était trop lourd. La composition et le contenu du ceinturon ont été modifiés et allégés. Maintenant, autant les policiers que les policières bénéficient de ce changement.