Violences envers les femmes
Les femmes et le harcèlement psychologique au travail
Dominique Bilodeau • Commissaire au développement d’un milieu de travail respectueux et non-violent au Centre universitaire de santé McGill
S’affirmer pour le prévenir et s’affirmer pour s’en sortir
Dès 2002, le Gouvernement du Québec inclut de nouvelles dispositions concernant le harcèlement psychologique dans la Loi sur les normes du travail. Ces dispositions confirment le droit des salariéEs à travailler dans un milieu exempt de violence et de harcèlement, et l’obligation pour l’employeur de mettre en place des moyens pour prévenir et faire cesser le harcèlement. Le harcèlement psychologique en milieu de travail est donc devenu, depuis une dizaine d’années, un sujet d’intérêt public.
Est-ce que certaines personnes sont à l’abri du harcèlement psychologique au travail? Malheureusement, non. Peu importe le statut d’emploi, l’âge, l’origine ethnique, le sexe, toutes et tous peuvent, un jour, se retrouver dans une dynamique de harcèlement au travail.
Toutefois, est-ce que les femmes ont une réalité particulière face au harcèlement au travail?
Belzile et Caron ont prélevé un échantillon de 758 dossiers jugés recevables, entre 2010 et 2013, à la Commission des normes du travail afin d’établir un portrait fiable et représentatif de la clientèle des dossiers de harcèlement psychologique. Sur l’ensemble de ces dossiers :
- 62 % des personnes plaignantes étaient des femmes;
- 38 % étaient des hommes;
- 4,6 % des personnes provenaient de la région des Laurentides.
Briser la loi du silence
Depuis quelques mois, nombreuses femmes dénoncent publiquement des situations de violence et de harcèlement qu’elles vivent en tant que députées, membres de la GRC, étudiantes… De plus en plus de femmes dévoilent dans les médias sociaux les agressions sexuelles qu’elles ont vécues durant leur vie. (#agressionsnondenoncees)
Jeux de pouvoir et rapports de force
Il est impossible de parler de violence et de harcèlement au travail sans parler de pouvoir et de rapport de force. Notre relation individuelle et collective au pouvoir a une importance majeure afin de prévenir et contrer la violence.
ll faut avoir de l’estime personnelle, une confiance en soi et une conviction de son droit au respect pour être capable de s’affirmer lors d’une situation d’incivilité ou de violence. Il faut pouvoir mobiliser son pouvoir personnel afin d’agir lors d’une situation abusive. Rappelons l’importance d’élever nos enfants dans la civilité et le respect et de développer chez eux, et particulièrement chez elles, leur pouvoir d’agir.
Est-ce qu’en 2015, on prépare et outille les hommes et les femmes adéquatement afin de faire face aux situations de violence et de harcèlement en milieu de travail?
FAITS SAILLANTS
L’image-type de la victime nous vient en tête lorsqu’on parle de harcèlement psychologique. Cependant, une personne forte, en autorité peut être visée par cette problématique.
Les femmes sont plus à risque de subir du harcèlement psychologique au travail. On explique ce fait par le sexisme, parce que les hommes sont plus souvent en poste d’autorité et parce que les femmes ont tendance à analyser, à se remettre en question lorsqu’une telle situation se produit. Madame Bilodeau encourage les femmes à suivre leur instinct; dès qu’il y a un malaise, il faut agir. La prise de pouvoir est primordiale dans le règlement des cas de harcèlement.
L’erreur est d’attendre « que ça passe ». Non seulement le harcèlement continue mais il s’aggrave.
L’employeur a une obligation et une responsabilité. Une politique contre le harcèlement doit être mise en place et appliquée dans chaque milieu de travail!